4 ans apres


Publié le 13 janvier 2014

Au delà de la tragédie … définir  l’avenir

La zone de Carrefour-Feuilles, avec ses 40,000 habitants, se caractérise par l’arrivée de classes pauvres ou appauvries en provenance des zones rurales et des villages limitrophes, et tend tres clairement  à devenir un quartier défavorisé. Carrefour-Feuilles fait face à de nombreux problèmes tels que la pollution, la promiscuité, le chômage et la pauvreté.
Le chômage constitue un obstacle majeur pour de nombreuses personnes au sein de la communauté,  en particulier pour la jeunesse. Beaucoup de jeunes veulent apprendre un métier afin de pouvoir intégrer le marché du travail. Cependant le manque de ressources économiques et financières les empêche d’atteindre cet objectif. Cette situation augmente le risque pour les jeunes de cette région de sombrer dans la délinquance ainsi que les tendances violentes parce qu’ils ne connaissent pas d’autres moyens pour faire face à leurs problèmes.
En vue de contrer cette situation, une organisation locale dénommée « Organisation des jeunes professionnels haïtiens en action » (OJEPHAC), de concert avec d’autres partenaires locaux, a mis sur pied un projet visant à aider ces jeunes à acquérir des compétences professionnelles qui pourraient leur permettre de planifier leur avenir. Les objectifs de ce programme étaient de former 25 jeunes de la région de Carrefour-Feuilles dans l’apprentissage des techniques de ferronnerie, leur permettre de développer une vision et une stratégie d’investissement et les aider à prendre en main leur avenir, contribuant ainsi à la diminution de la délinquance juvénile dans la région.
Cette formation a été financée par le programme « Approche intégrée pour le développement de quartier » (INA, en Anglais) de la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR). Le programme INA a commencé à travailler à Carrefour-Feuilles en juillet 2011 en vue de renforcer la résilience de la communauté.
Antoine Josué est l’un des bénéficiaires de la formation. Antoine, qui vit depuis très longtemps à Carrefour Feuilles, n’a jamais eu d’emploi ni de revenu stable. Malgré sa formation en électricité, il n’a jamais été capable de trouver du travail dans ce domaine.
 » J’ai décidé d’essayer quelque chose de nouveau et de voir si cela m’offrirait plus de possibilités. »
Ce jeune homme de 27 ans est le père d’un garçon de deux ans et vit dans une maison d’une chambre avec son fils et la mère de ce dernier. Il n’a pas terminé ses études secondaires, les ayant abandonnées à seulement deux ans de la fin en raison de problèmes financiers.
Après la formation, Antoine a trouvé du travail dans un atelier de ferronnerie et continue de maîtriser son nouveau métier.
«Je n’aurais jamais eu les moyens de me payer cette formation parce que le peu d’argent que je gagne est utilisé pour nourrir ma famille. J’apprécie beaucoup cette initiative de la Croix-Rouge et j’espère que ces formations vont continuer afin que d’autres jeunes puissent avoir la même chance que moi. »

La formation a duré trois mois et chaque participant a reçu une trousse  à outils comprenant des gants, une scie à métaux, des lunettes de sécurité, etc. pour pouvoir commencer à travailler.

Pour ces jeunes, cette formation est un pas vers la construction de leur avenir.

 

La Croix-Rouge construit des collectivités plus saines en Haïti

 

En octobre 2010, dix mois après le terrible tremblement de terre qui a frappé Haïti, une autre catastrophe est venue grossir le cortège des calamités que connait ce petit pays de la Caraïbes: le choléra. Une maladie qui n’a pas été répertoriée dans le pays depuis plus de 100 ans et qui s’est rapidement répandue sur l’ensemble des dix départements géographiques du pays. Selon le Centre (américain) de contrôle des maladies et de la prévention, l’épidémie de choléra qui a frappé Haïti est la pire de toute l’histoire récente.
Depuis son explosion en août 2013, l’épidémie de choléra a tué au moins 8,231 Haïtiens et causé l’hospitalisation de centaines de milliers d’autres tout en se propageant dans les pays voisins tels que la République dominicaine et Cuba. Depuis le début de l’épidémie en octobre 2010, plus de 6% des Haïtiens ont été contaminés.
Déclarée à la mi-octobre 2010 dans les zones rurales du département du Centre d’Haïti, à environ 100 kilomètres (62 miles) au nord de la capitale, Port-au-Prince, l’épidémie a déjà tué 4,672 personnes au mois de mars 2011 et infecté des milliers d’autres.
La réponse de la communauté internationale et locale a été importante. Des centres et des unités de traitement du choléra ont été mis en place à travers le pays, des messages de sensibilisation et de prévention d’hygiène ont été publiés et diffusés dans les médias en vue d’enrayer la propagation de la maladie.
Plus de 250,000 personnes ont reçu une solution de réhydratation orale dans le cadre des activités de promotion d’hygiène. Les volontaires et le personnel de la Croix-Rouge haïtienne ont été formés à la désinfection, aux bonnes pratiques d’hygiène et à la prise en charge médicale des malades du choléra. Une stratégie à long terme pour combattre l’épidémie a vu le jour. Cette dernière passe par la formation des volontaires et des mobilisateurs communautaires de la CRH dans les domaines de la santé communautaire, des premiers soins et du contrôle épidémiologique afin de s’assurer qu’un réseau solide est en place pour continuer à dupliquer ces formations dans les communautés.
En Juin 2012, le Ministère de la santé publique et de la population (MSPP), avec le soutien de la Croix-Rouge haïtienne, a lancé une campagne de vaccination contre le choléra dans la région de l’Artibonite. Environ 50,000 personnes ont été vaccinées selon le site du MSPP.

Lecienne Beauséjour est un habitant de la région qui a reçu le vaccin contre le choléra.
« Moi et toute ma famille avons été vaccinés. Je veux m’assurer que nous sommes à l’abri   de la maladie.  »

 

 

 
Agée de 40 ans, Lecienne a vécu durant les 17 dernières années dans la localité de Frécyneau, située à 10 miles de la ville de Saint Marc et se souvient de la situation qui prévalait quand le choléra est apparu dans la région.
« Les gens étaient confus parce qu’ils ne savaient pas ce qui se passait. Tout ce dont nous etions au courant était que les gens mouraient. »

Heureusement, personne dans la famille de Lecienne n’a contracté la maladie. Elle remercie la Croix-Rouge haïtienne et les messages de promotion d’hygiène qu’elle a reçus par le biais des volontaires de la CRH qui travaillent dans la région et qui lui ont donné les informations salutaires dont elle avait besoin pour préserver la santé de ses quatre enfants et de son mari.

Incapable de travailler en raison d’une opération chirurgicale subie l’année dernière au niveau de l’intestin, Lecienne est devenue une volontaire de la Croix-Rouge et passe ses journées à éduquer les gens sur les mesures d’assainissement et de promotion d’hygiène. Elle effectue également des visites de porte à porte dans sa communauté pour s’assurer que les gens respectent les principes d’assainissement qui leur ont été enseignées.

« Je pense qu’il est important de rappeler aux gens ce qu’ils doivent faire pour prévenir le choléra. L’épidémie est toujours aussi présente, même si elle n’est pas aussi violente qu’elle l’était auparavant. »

 

« J’écoute l’émission de radio pour avoir des informations sur la santé. Santé mentale et santé sexuelle. »
Agée de vingt-neuf ans, Marie Dorvilus, ainsi que les membres de sa famille, vit à Pétion-Ville, dans un quartier chic situé sur les hauteurs de Port-au-Prince depuis le séisme du 12 Janvier 2010 qui a détruit la maison qu’elle habitait dans la zone de Delmas 19.
« C’était une expérience tout à fait nouvelle pour nous tous parce que nous n’avions jamais vu ou vécu un tremblement de terre auparavant. La Croix-Rouge nous a fourni des informations susceptibles de nous aider et elle continue à nous informer sur des domaines autre que le tremblement de terre. »
Rose Marie est tout simplement l’une des nombreuses auditrices de l’émission de radio de la Croix-Rouge, mieux connue sous la dénomination de Radyo KwaWouj. Lancée en 2010, cette émission de radio diffusée sur Radio One 90.1FM tous les mercredis à 15 heures jouit d’une écoute nationale. On y diffuse des messages et des conseils sur les premiers soins, le don de sang, le choléra et sur d’autres problèmes de santé qui affectent la population ainsi que des informations sur la préparation aux désastres.
« Quand le choléra s’est déclaré, le programme était vraiment important parce que nous avons reçu toutes les informations dont nous avions besoin ; nous étions donc en mesure d’aider quelqu’un ayant contracté la maladie.    »
Rose Marie a entendu parler de l’émission pour la première fois par la bouche d’un voisin. Depuis lors, cette mère célibataire de deux enfants écoute Radyo KwaWouj aussi souvent qu’elle le peut et encourage les autres à faire de même.
Radyo KwaWouj fait en sorte d’offrir à ses auditeurs des informations à jour sur les derniers problèmes de santé et les catastrophes parce que même quatre années après le tremblement de terre, la population a encore grandement besoin d’informations pouvant sauver des vies.
Afin de diffuser des messages important à la population, Radyo KwaWouj n’est pas le seul outil de communication utilisé par l’équipe de communication avec les bénéficiaires de la FICR / CRH.
Le système IVR de la Croix-Rouge, très  connu sous le nom de Telefon KwaWouj, a été lancé le 28 mai 2012 par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) en partenariat avec la Croix-Rouge haïtienne afin de fournir les informations les plus vitales à la population. Ce mode de communication, totalement nouveau pour les opérations humanitaires, a permis de fournir aux gens des informations vitales sur la santé et la préparation aux urgences.

 

En composant simplement 733, les gens accèdent à des informations sur des sujets aussi variés que la santé, le traitement et la prévention du choléra, et le don de sang. Ce système se révèle essentiel pour partager avec les gens des informations relatives aux mesures de prévention à prendre pour sécuriser leurs maisons et assurer la protection de leurs familles face aux tempêtes tropicales, aux ouragans imminents ou d’autres catastrophes naturelles. L’une des particularités de ce système est sa capacité à mener des enquêtes. Telefon KwaWouj est largement utilisé par la FICR, la CRH ainsi que les SNP présentes en Haïti afin de recueillir les réactions des bénéficiaires et d’écouter leurs points de vue.
En Mars 2010, la Fédération internationale a commencé à envoyer des informations à la population par SMS dans le cadre de campagnes de communication ciblées. Des informations essentielles concernant la santé et la sécurité sont envoyées à la population via le réseau de téléphonie mobile   de la Digicel.
Après le tremblement de terre, il était vital de fournir aux victimes des informations sur l’hygiène et la prévention des maladies le plus rapidement et le plus largement possible. La Croix-Rouge a commencé à utiliser un camion sonorisé comme moyen de communiquer ces messages. Aujourd’hui encore, ce camion sonorisé continue à sillonner le pays et peut être remarqué dans les rues de Port-au-Prince ainsi que dans les provinces ; il diffuse des messages de sensibilisation sur la prévention du choléra, la promotion de l’hygiène, la prévention de la violence ainsi que la prévention du SIDA.
« Rien n’est plus efficace qu’une information souvent répétée car on ne se souvient bien de quelque chose bien que si on  l’a entendu fréquemment.

 
« J’ai passé des années à dormir à la belle étoile sous la pluie et le soleil. Aujourd’hui, je suis tout simplement heureux de retourner chez moi. »
La maison de Sibrien Gaston a été gravement endommagée lors du séisme de janvier 2010. N’ayant nulle part où aller, il a trouvé refuge dans un endroit communément appelé Sanatorium, un hôpital où l’on traite les personnes atteintes de tuberculose.
Beaucoup de maisons dans la zone de Carrefour-Feuilles ont été endommagées ou complètement détruites par le tremblement de terre. A cause de cette situation, de nombreuses familles sont allées vivre sous des tentes dans le Sanatorium ainsi que dans d’autres espaces ouverts de la zone. Beaucoup d’entre eux ont érigé des tentes non loin de leurs maisons afin de veiller sur tous les biens qu’ils y avaient laissés.
En 2011, la Fédération internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant -Rouge (FICR), en collaboration avec la Croix-Rouge haïtienne, a mis en œuvre un programme baptisé Approche intégrée pour le développement de quartier (INA en Anglais) dans la communauté de Carrefour-Feuilles afin d’aider à augmenter la résilience de la population. Les besoins et les priorités de la communauté ont été identifiés grâce à des réunions avec les comités de quartier, les leaders communautaires et les bénéficiaires.
La maison de Sibrien est l’une des nombreuses maisons de Carrefour-Feuilles qui ont été rénovées afin de devenir plus résistantes aux catastrophes naturelles telles que les ouragans et les tremblements de terre. Les murs ont été renforcés, le toit a été remplacé, et des nouvelles toilettes avec douche ont été installées. Une nouvelle chambre a été également ajoutée pour pouvoir loger toutes les  personnes vivant dans le ménage. Cet homme de 65 ans n’a pas d’emploi stable depuis après le tremblement de terre. Il vit avec ses quatre enfants qui, eux aussi, sont sans emploi. Le seul soutien financier qu’ils reçoivent est celui des parents vivant à l’étranger qui leur envoient de l’argent occasionnellement. Le peu qui leur est envoyé est juste assez pour répondre à leurs besoins les plus élémentaires, comme la nourriture et les besoins de base.
Le programme cible les personnes les plus vulnérables au sein de la communauté comme les mères célibataires avec plusieurs enfants à charge ainsi que les personnes âgées. Depuis son lancement en juin 2011, le programme INA a rénové et réparé plus de 160 maisons qui ont été détruites ou endommagées lors du séisme il y a près de 4 ans.  Le programme a également construit 552 mètres carrés de murs de soutènement, amélioré et mis en place des installations sanitaires dans 18 écoles et dans des bâtiments communautaires.
En plus de ces réalisations, le programme INA a également tenu des séances de formation et de sensibilisation sur les domaines de la santé communautaire et du secourisme (CBHFA en Anglais),  des formations sur l’hygiène participative et la transformation de l’assainissement (PHAST en Anglais). Des discussions de groupes ont eu lieu afin d’identifier les problèmes d’hygiène et d’assainissement existant dans la communauté.  Au total 150 personnes ont participé à ces sessions. Des activités de promotion d’hygiène ont également eu lieu dans les écoles en vue de sensibiliser les écoliers sur l’importance de ce problème.

 

Le programme cible les populations les plus vulnérables au sein de la communauté telles que les femmes ayant à charge une famille de plusieurs enfants ainsi que les personnes âgées.
Maintenant, avec une nouvelle maison, ce sexagénaire est finalement en mesure de regarder au-delà de la tragédie du 12 janvier 2010 et d’affronter l’avenir.

 

 » J’ai bien conscience de ce que la Croix-Rouge a fait pour moi et ma famille. Quatre ans sans domicile, c’était en effet sans fin. »

Le numéro qui sauve

en cas d'urgence appeler le

118